1. DÉBITISME
Néologisme à partir de
"debit" (lat. = il doit). Idée de base: ce n'est pas l'avarice, la
cupidité, l'appât du gain ou autre chose de similaire qui font avancer
l'économie, mais la pression permanente que font peser sur elle les dettes.
Théorie au demeurant découverte pour la première fois par les professeurs
brémois Prs. Heinsohn & Steiger, leur ouvrage "Eigentum, Zins und
Geld" [Propriété, intérêt et monnaie] explique tout en détail; toutefois
très académique et volumineux.
2. TÉORIE DE L'ÉCHANGE
Elle est bonne pour la casse, la
théorie sur laquelle se basent tous (!) les modèles économiques contemporains
et selon laquelle - dans le fond - il règne toujours un équilibre dans
l'économie, du fait que les coûts deviennent toujours des revenus qui
permettent d'absorber la production réalisée à l'aide de ces mêmes coûts. La
monnaie ne joue là-dedans pour ainsi dire qu'un rôle en tant que "moyen
d'échange", comme un simplificateur de l'échange de ciment contre des
poules ou de salaires contre des BMW cabriolets.
3. DÉBITEUR ADDITIONNEL
En fait, l'économie n'est jamais en
équilibre, tout simplement parce que du temps s'écoule jusqu'à ce que les coûts
puissent retourner dans les entreprises. Ce temps coûte de l'argent (intérêt).
Mais l'argent pour cela n'existe nulle part dans l'économie. Donc? Donc il faut
que qqun l'"emprunte", de sorte que nous vivons dans un système ne
pouvant libérer les anciens débiteurs que par l'arrivée de nouveaux débiteurs
"additionnels". S'ils venaient à manquer un jour, tous les débiteurs
antérieurs feraient logiquement faillite.
4. MASSE MONÉTAIRE
Doctrine erronée! Il n'existe pas de
"masse" monétaire, c'est une confusion dans les termes, empruntés au
domaine des biens. Il n'existe toujours qu'une somme équivalente d'avoirs et de
dettes, resp. vice-versa. Et comme sur les deux est toujours prélevé un
intérêt, qui lui-même doit cependant toujours être recréé par nouvel
endettement, le système réclame en permanence un nouvel endettement net. Sinon
il coule.
Voilà
pour le prologue. Et voici la suite:...
5. POIDS DE LA DETTE
Tout un chacun dans le capitalisme (=
notre économie privée) est un pauvre diable. Même lorsqu'il lui arrive d'être
libre de toute dette, il habite néanmoins dans une maison que son bailleur a
financée ou travaille dans une entreprise qui doit juste marchander de nouveaux
crédits avec sa banque.
6. DEMANDE
Tout le monde peut
"demander"; pour cela, il n'a pas besoin d'argent. Il suffit qu'il
dise: "J'achète" - à lui ensuite de savoir comment il se procure
l'argent (lettre de change, dépasser le compte, Visa, emprunter à la
grand-mère, etc.). Tout demandeur est donc - en tenant compte de l'ensemble des
demandeurs - endetté, peu importe qu'untel est/était liquide ou fauché à un moment
ou un autre.
7. INFLATION (I)
Toute demande augmente
tendanciellement le prix - à moins que l'entrepreneur soit idiot au point de ne
pas augmenter les prix lorsque le magasin est plein de monde. Chaque jour, nous
observons donc des mini-inflations sur certains marchés et pour certains
produits.
8. DÉFLATION (I)
Je possède donc mon bien, dont le
prix a tendanciellement augmenté. Mais je n'ai pas encore l'argent pour le
payer. C'est pourquoi je dois relever mes manches et fournir ou produire qqch -
donc créer une offre additionnelle sur le marché. Et cela fait à nouveau
baisser le prix sur ce marché. Donc des mini-déflations.
9. STABILITÉ
Ainsi, le monde est composé de plein
de petites inflations et déflations - et à la fin, le niveau des prix est stable.
Que tout cela se passe sur fond de nécessité d'endettement
"additionnel" permanent n'a aucune importance, car 7 et 8 sont
exactement ce que cela signifie.
Et voilà, c'est déjà
fini: tout baigne!
Il
n'y a certes jamais d'équilibre, du fait que le système se propulse toujours en
avant par lui-même. Mais ça fonctionne - à moins que les débiteurs additionnels
viennent à manquer complètement. Mais pourquoi le devraient-ils? Nous tous
voulons bien mieux vivre et sommes donc prêts à investir dans l'affaire (l'entrepreneur
dans l'entreprise, nous dans notre ego).
Mais
ensuite! ...
10. ÉTAT
Il se trouve toutefois qu'il n'y a
pas que nous qui ayons le droit de faire des dettes, mais aussi une entité
singulière, appelée ÉTAT. Alors que nous travaillons à rembourser nos dettes,
devons fournir l'intérêt et l'amortissement, l'ÉTAT n'a que faire de pareille
préoccupation. Il est le seul débiteur qui puisse répondre à la question du
payement des intérêts: bof, mettez ça sur mon compte.
11. EXPLOSION DES DETTES
L'État a donc le droit de laisser ses
dettes s'accumuler, ce qui fait moudre l'intérêt composé. Vers 7 %, la dette
est doublée tous les dix ans, vers 10 % tous les sept ans, etc. Il suffit de
jeter un coup d'œil à la courbe des dettes de tous les États - tout devient
clair immédiatement. On a ici affaire à un criminel de grand chemin à côté
duquel Madoff et cie furent et sont des enfants de cœur.
12. DÉNOUEMENT FINAL
La formule
suivante (énoncée ici avec des mots au lieu des chiffres) émane du Baurat
[expert officiel en construction], expert judiciaire assermenté et ingénieur
diplômé viennois (autrement dit un scientifique incorruptible) Walter Lüftl: si
des dettes augmentent plus rapidement que ce à partir de quoi elles peuvent
être gagnées, la banqueroute à horizon temporel fini et prévisible est
programmée. Cela vaut tout autant pour les petits magasins de quartier.
Ce dans quoi
l'État peut puiser est la production économique et si celle-ci augmente plus
lentement que l'endettement étatique... (terminez vous-même la phrase s.v.p.).
Tous les États naviguent toute voiles dehors vers la banqueroute.
13. INFLATION (II)
La dette publique est dans un premier
temps de la demande additionnelle, raison pour laquelle elle est aussi
appréciée, car convenant en apparence très bien au système du
"débitisme" (1). Mais comme l'État ne produit rien, la "masse de
biens" qui pourrait à nouveau faire baisser le niveau des prix fait
défaut. Vient alors la vraie inflation: toujours de la seule demande, mais la
masse de marchandises libératrice n'apparaît jamais. Il n'existe par conséquent
qu'une seule et unique (!) cause à l'inflation - l'ÉTAT.
14. FIN DE L'INFLATION
Elle est atteinte au plus tard - même
avec une demande robuste de l'État à l'aide de nouvelles dettes continuelles -
lorsque les coûts de la perpétuation de l'inflation dépassent son rendement. En
bref: lorsque la dette publique additionnelle suffit tout juste à égaliser le
payement des intérêts écoulés entretemps. À ce moment-là, l'effet magique
disparaît et même avec les plus gros déficits (voir aujourd'hui le Japon),
l'économie s'effondre de plus en plus.
15. HYPERINFLATION
L'État peut encore faire tourner la
machine à billets et imprimer de l'argent comme un fou (il est retiré auprès de
la banque centrale contre le dépôt de promesses de remboursement à échéance de
plus en plus brèves), mais ça aussi se termine selon la règle 14:
l'hyperinflation allemande se termina en 1923 pour quelle raison? Parce que les
coûts pour le papier et l'impression étaient plus élevés que ce qui figurait
dessus. C'est pourquoi les derniers billets représentant des
"billions" sont tout petits et imprimés uniquement d'un côté.
16. DÉSINFLATION
L'option de
l'hyperinflation est cette fois-ci encore ouverte. Après l'inflation normale
des années 70, causée exclusivement par l'ÉTAT, a suivi dans un premier temps
le basculement de l'inflation (également par des manœuvres de
"freinage" de la part des banques centrales), puis les taux de
croissance du niveau des prix diminuèrent et dans leur sillage les taux
d'intérêt.
En fait
absolument merveilleux, n'est-ce pas? (Mais attention: les anciennes dettes
sont toujours là, nous les reverrons encore; des dettes ne disparaissent jamais
d'elles-mêmes!).
17. OR
La hausse de l'or des années 70 avec
un pic en 1980 vers 850 $ / once s'est effondrée par un crash (crash des
valeurs réelles), ce qui mit un point provisoire au sujet...
18. HAUSSE BOURSIÈRE
... jusqu'à ce qu'il se meuve ensuite
en 1982/83, sans contrainte, dans la hausse des titres financiers, qui fut
joliment mise à flot par les multiples possibilités de piocher dans les banques
centrales, mais qui fut principalement poussée par la baisse du taux d'intérêt.
19. MANIE
La hausse boursière devint, comme
toujours lorsque la cupidité rend tout un chacun aveugle, une manie totale, on
se mit à désépargner (USA), même à acheter des actions à crédit comme jamais
auparavant dans l'histoire de l'humanité.
Double-your-money-every-hour!
20. PIC
La hausse des titres financiers doit
elle aussi logiquement se terminer (comme auparavant la hausse des valeurs
réelles), dès que les coûts de sa perpétuation dépassent son rendement. Ceci
fut rendu possible par les hausses du taux d'intérêt par la Fed (banque
centrale américaine), qui n'a de toute façon rien compris. Lorsque le chef de
la Fed Greenspan parle durant la hausse d'une "irrational exuberance",
il ne comprend pas ce qui se passe durant toute désinflation de manière tout à
fait "rationnelle" (la dernière fois en 1923 ss.; inflation US
auparavant de 1915 à 1920).
21. CRASH
Que le crash arrive sous la forme
d'un crash, d'un salami ou d'un long marché baissier est égal. Ça chute, de
plus en plus de rêves éclatent, de plus en plus de crédits deviennent en
souffrance, l'ambiance tourne. Le bear [marché baissier] a beaucoup de temps et
ne pense qu'à une chose: emmener avec lui un nombre maximal d'investisseurs
dans les profondeurs.
22. DÉFLATION (II)
C'est le véritable étrangleur. Comme
les anciens avoirs sont encore là (à hauteur égale avec les dettes - vous vous
rappelez!), ils pressent de plus en plus en vue d'un payement. Et comme les
prix commencent à baisser (ventes forcées et autres causes; car finalement, il
y a "débitisme", c'est-à-dire pression permanente sur les
liquidités), les dettes en valeur nominale ancienne pèsent de plus en plus
lourd en termes "réels".
23. DÉPRESSION
Puis tout chute: cours, prix,
valeurs. Que les taux d'intérêt soient encore baissés à zéro n'a plus aucune
importance, cf. le Japon actuellement. La situation sans issue apparaît. De
l'aide ne serait possible que si les dettes/avoirs étaient rayés, resp. au moins
libérés de tout intérêt - et cela au moins concernant les obligations d'État,
qui ne sont rien d'autres que des créances des citoyens envers eux-mêmes, des
papiers frauduleux donc, ou bien tout simplement du "néant à taux
d'intérêt élevé".
24. FIN
Elle ne vient que lorsque toutes les
dettes causées par l'inflation sont sorties des comptes. La fin,
historiquement, signifie toujours: l'ancien niveau des prix (pré-inflation!)
est à nouveau atteint. Exemple parfait, les USA: les prix de 1915 furent à
nouveau atteints exactement (!!) en 1934. Donc 20 ans de stabilité des prix
absolue - ou pas? Qui donc parle là de "Grande dépression", que
veut-il nous dire par cette formule? Mais moi je dis: cette fois-ci aussi, tous
les prix, en supposant des biens identiques, vont retomber au niveau du début
des années 50.
Ma foi… Et
maintenant? Et l'OR??? Maintenant, ça devient spéculatif.
25. OR, QUO VADIS? (I)
Dans la déflation, tous les prix
chutent, y compris celui de l'or. Jusqu'à où, je l'ignore. Il n'exise pour moi
qu'un prix cible convaincant, celui de Jürgen Küssner, le meilleur analyste des
vagues d'Elliott à ma connaissance (je vous invite à visiter son site web). Il
est aux alentours de 200. Je sais bien sûr qu'il existe un "point
zéro" absolu pour l'or. Il est de 42,22 US$/once. À ce prix, le Trésor US
doit acheter tout l'or offert sur le marché. Le prix ne peut pas tomber plus
bas.
26. OR, QUO VADIS? (II)
Küssner
"voit" sur la base de ses analyses minutieuses un prix de l'or de
2000 à 3000 $/once. Pour moi, "fondamentalement" impensable, car même
dans un crash total, plus personne ne peut se réfugier dans l'or, tout
simplement parce qu'il n'a plus assez d'argent (plus personne n'aura alors de
la "monnaie"), rappelons à cet égard Hong Kong après le crash de 87:
juste après les actions, l'or chuta, parce qu'il fallut se procurer du liquide.
Derrière cette analyse hardie ne peut donc se cacher qu'une chose totalement différente:
une revalorisation de l'or (= dévaluation du dollar)!
Pareille chose
s'est produite la dernière fois en 1934 sous Roosevelt (d'env. 20 à 35
US$/once). Par un trait de génie, les USA se débarrasseraient subitement de
leurs dettes (qui seraient dévalorisées proportionnellement). Le niveau des
prix augmenterait d'un coup et soulagerait tous les débiteurs. Le numéro ne
fonctionne cependant que si l'on retourne ensuite à l'ancien étalon-or avec
obligation d'achat et de vente d'or pour n'importe quel montant.
Pure spéculation
pour l'instant. Et en aucun cas une recommandation d'investissement, que ce
soit du côté long ou short.
© Dr. Paul C. Martin
Je ne sais comment vous remercier pour ce post. Tout a fait ce que je cherchais, une lecon de B A BA pour novice dans le domaine de le finance !
RépondreSupprimerHeureux d'avoir pu vous aider. Il contient effectivement l'essentiel de ce qu'il faut savoir au niveau des fondamentaux. Reste ensuite le timing, la partie la plus difficile…
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